Financement du terrorisme par des credits en ligneTraditionnellement destinés aux particuliers et pouvant aller jusqu’à 75 000 €, les crédits à la consommation sont des prêts accordés par des établissements bancaires en vue du financement des achats de biens et services nécessitant des dépenses relativement importantes. Ils se contractent sous forme de crédits affectés (prêt automobile, prêt étudiant, prêt pour équipement de la maison), ou de prêts personnels non liés à un objet précis. Très répandu chez les particuliers, ce type de prêt fait cependant l’objet d’une surveillance particulière de la part de la cellule de lutte contre le financement du terrorisme. Oui, vous avez bien lu !

Un prêt à risque ?

Considérés naguère comme de simples opérations bancaires, les crédits à la consommation sont désormais soupçonnés d’être une source potentielle de financement d’activités terroristes. La cellule française de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (Tracfin) a ainsi récemment décidé de classer les prêts à la consommation parmi les opérations financières à haut risque. Cette situation a été confirmée par Jean-Baptiste Carpentier, patron de Tracfin, qui justifie cette nouvelle position par les tristes évènements survenus en début d’année 2015.

Les attentats de Charlie Hebdo et de l’épicerie Casher en cause

Ce que beaucoup ignorent en effet, c’est que Amedy Coulibaly, l’homme responsable de l’attaque de l’épicerie Casher de la Porte de Vincennes et de la tuerie qui s’en est suivie, a d’après les investigations, contracté un prêt à la consommation Cofidis quelques semaines avant de passer à l’acte. Selon le Tracfin et sur la base de ses rapports avec les frères Kouachi, il y a des raisons plausibles de penser que ce crédit a servi en partie à financer leurs opérations. Du moins, c’est ce que l’on serait tenté de conclure à la lumière des faits.
Le Tracfin a dès lors classé les crédits à la consommation parmi les sources potentielles de financement du terrorisme en France et accru sa vigilance vis-à-vis de ces opérations. Cependant, n’ayant pour base de travail que les informations et déclarations de soupçon recueillies auprès des institutions bancaires, assurances et autres professionnels soumis à l’obligation déclarative, la cellule demeure très limitée dans ses actions.

Une sensibilisation s’impose

Selon le responsable de la cellule, le Tracfin n’est pas autonome dans ses investigations et ne peut compter, pour l’instant, que sur les déclarations qui lui parviennent. Pour contourner cette difficulté, l’organisme a entrepris une campagne d’information et de sensibilisation auprès de ses partenaires et autres professionnels soumis à l’obligation déclarative. Jean-Baptiste Carpentier affirme également que la cellule attirera désormais l’attention de ces derniers sur la nécessité de vérifier à chaque fois l’identité de l’emprunteur, et l’usage que celui-ci fait des fonds qui lui sont alloués.

Le Tracfin a par ailleurs déjà déployé les grands moyens pour accomplir au mieux sa mission de prévention du terrorisme. Au premier semestre 2015, pas moins de 164 dossiers suspects ont ainsi été traités, parmi lesquels plus de 2 100 personnes ont fait l’objet d’un suivi. Des statistiques en nette évolution qui ont surement contribué à la récente promotion du patron du Tracfin. Ce dernier s’est en effet vu confier une nouvelle mission en qualité de Délégué interministériel à l’Intelligence économique.