Un tour dans les différentes banques et autres établissements de crédit vous l’apprendra rapidement : les taux d’intérêt sur le crédit n’ont jamais été aussi bas. Si vous envisagiez donc l’option d’un prêt immobilier, c’est le moment ou jamais de vous lancer. Il y a toutefois un hic. Ces avantages ne profitent pas aux demandeurs de crédit à la consommation. Comment cela se fait-il ?
Des cours contraires
On observe un beau paradoxe dans le domaine depuis la baisse des taux d’intérêt. Alors que les contractants de prêts immobiliers sur un minimum de 20 ans ont vu ces chiffres passer de 4,3% en 2015 à 2,77% en 2019 (soit une baisse de 36%), ceux empruntant des sommes modestes, c’est-à-dire moins de 3 000 €, ont vu les taux d’intérêt appliqués monter de 19,97% à 21% (soit une hausse de 5%) sur la même période.
Quant aux contractants de prêts moyens, les taux ont chuté de 10% à 27% selon la somme empruntée. Comme on peut le voir, moins on emprunte, plus les taux d’intérêt appliqués sont élevés.
L’Association française des Sociétés Financières explique cet état de choses par 3 facteurs principaux :
- Le coût du refinancement,
- Le coût du risque,
- Les frais de gestion de dossier.
Le coût du refinancement
Ce facteur dépend du système adopté par l’institution financière pour disposer en permanence d’argent à redistribuer. La déléguée générale de l’ASF Françoise Palle-Guillabert explique ainsi que les membres de l’association ne collectent pas les versements à la banque.
Ils obtiennent l’argent directement sur les marchés, ou alors chez leur maison-mère. Ces frais ont baissé au cours des dernières années avec les mesures monétaires prises par la BCE.
Le coût du risque
Le risque en matière de crédit, c’est celui que l’emprunteur ne soit finalement plus en mesure de rembourser, ou alors qu’il y ait un retard de paiement. On le mesure aux résultats de l’évaluation des finances de l’emprunteur (le scoring). Ces résultats sont mis en perspective avec le portefeuille de la banque.
Françoise Palle-Guillabert explique à ce niveau que le coût du risque pour le crédit à la consommation est plus élevé que celui pour le crédit immobilier. Ce qui est assez logique puisque pour un prêt immobilier, l’emprunteur fournit des garanties plus importantes sous forme de caution ou d’hypothèque. Les cas de non-remboursement sont ainsi plus rares. On comprend donc pourquoi ces taux sont plus élevés pour les crédits conso ; même si cela n’explique pas encore pour quelle raison ce taux augmente sans cesse.
Les frais de gestion
La constitution du dossier, la mise au point du tableau d’amortissement, la maintenance du réseau d’agences et certains autres éléments l’expliquent très bien par contre. Les frais qu’ils occasionnent s’amortissent normalement sur des délais courts et sur des valeurs moindres.
Mathieu Robin, chargé de mission de l’UFC-Que Choisir, explique que proportionnellement à la somme octroyée, ces frais sont plus élevés pour les crédits à la consommation. Ils ne dépendent pas de la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne.
Cette situation est à déplorer et les particuliers ont du mal à l’accepter. Pour eux, les banques ne se soucient que de maintenir leurs marges en saison de taux bas, et ne font réellement des efforts pour satisfaire leurs clients que si elles y sont contraintes par l’Etat.