Selfies de femmes nues et crédit en ligne, les dessous d’un scandale qui éclabousse le web chinois

Site de credit en ligne Jiedaibao mis en cause dans un scandaleObtenir un crédit en Chine est vraisemblablement aussi compliqué, voir beaucoup plus, qu’en France. C’est en tout cas la nette impression que l’on a au regard des récentes fuites de photos de centaines de jeunes chinoises sur la toile. Le rapport ? Eh bien aussi étonnant que cela puisse paraître, lesdits clichés que l’on peut sans risque qualifier d’osé, servaient en quelque sorte de garantie pour l’obtention de prêts entre particuliers sur une plateforme chinoise spécialisée.  Tout cela a visiblement mal tourné.

Des garanties un peu particulières

Le mercredi 30 novembre dernier, des millions d’internautes chinois ont eu accès à des centaines de clichés de jeunes filles nues provenant, non pas d’un quelconque site érotique, mais plutôt de la base de données d’un site web spécialisé dans les crédits entre particuliers en ligne. Selon les informations reçues, ce sont en effet les selfies dénudés d’environ 170 jeunes femmes chinoises, tenant en évidence leur carte d’identité qui ont fuité à travers un dossier contenant 10 Go de vidéos et de photos. Lesdites photos servaient de garantie et étaient exigées par les prêteurs intervenant sur le site Jiedaibao.

Présente en ligne depuis 2015, cette plateforme fait en effet partie des nombreux sites chinois spécialisés dans ce qu’on peut appeler les « prêts contre nus ». Assez répandu en Chine, ce type de transaction  en ligne permet à de jeunes femmes ne pouvant obtenir un crédit auprès des institutions bancaires classiques,  d’emprunter de l’argent auprès d’autres particuliers en fournissant, en guise de garantie, des selfies dénudés d’elles-mêmes. En cas de non remboursement, le site se donnait l’autorisation de diffuser les photos des débitrices insolvables aux personnes de leur entourage.

Taux d’intérêt exorbitants et pratiques peu orthodoxes

Cette fuite massive a permis de remettre en lumière les pratiques peu orthodoxes des centaines de plateformes de prêts entre particuliers officiant aujourd’hui en Chine. En effet, comme beaucoup de ses pairs, Jiedaibao impose à ses emprunteuses des taux d’intérêts excessifs pouvant atteindre 30 % par semaine ! Ces taux effarants sont doublés des garanties peu valorisantes évoquées plus haut. Et pour limiter autant que possible les cas de non-remboursement, la plateforme n’hésitait pas à brandir la menace d’une diffusion des  clichés dénudés de ses prêteuses.

Le site se déclare non-responsable

Approchés dans le cadre de l’enquête, les dirigeants de Jiedaibao ont affirmé ne pas être à l’origine de cette fuite de photos. Ils ont par ailleurs tenu à prouver leur bonne foi en supprimant les comptes des prêteurs et des jeunes femmes concernées. Le mystère demeure donc total sur l’origine de ce « Nude-SelfieGATE ».

Par ailleurs, cette affaire soulève à nouveau le problème que représente le marché du crédit parallèle pour le gouvernement chinois. Estimées à près de 2600, les plateformes comme Jiedaibao représentent aujourd’hui des transactions annuelles de près de 140 milliards d’euros. Pour faire face à ce danger, la Chine a d’ores et déjà fait baisser le plafond de crédit accordé aux particuliers, le fixant désormais à un million de Yuans (135 000 €).