Les conditions d'octroi de credit immobilier en 2020 seront plus difficiles2019 a été une année particulièrement favorable pour les demandeurs de crédits immobiliers. Les taux ont été historiquement bas et les banques très souples sur les conditions d’octroi. Mais les choses risquent de changer en 2020.

Compte tenu des nouvelles directives du ministère de l’Economie et de la Banque de France, les banques ne pourront pas accorder des crédits immobiliers à de nombreux demandeurs cette année.

 

Un risque de « bulle » immobilière

Avec les conditions très avantageuses pratiquées par les banques sur les crédits immobiliers, de nombreux ménages se sont retrouvés avec un taux d’endettement qui excède les 33 %. Selon l’observatoire du crédit logement, 250.000 ménages ayant obtenu un crédit en 2019 sont concernés. 40 % d’entre eux auraient les moyens de modifier leur plan de financement mais le reste risque fortement de se retrouver en situation de surendettement en raison de revenus moyens ou bas.

D’un autre côté, les taux d’intérêt faibles ont entrainé l’augmentation des prix du logement. C’est donc pour éviter une crise similaire à celle des subprimes en 2007 que François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France et président du Haut Conseil de la Stabilité Financière, a demandé aux banques de ne plus excéder une durée de remboursement de 25 ans. Aussi, elles ont désormais l’obligation de respecter le taux d’endettement maximal de 33 % pour tous les demandeurs.

 

Les primo-accédants particulièrement touchés

Les individus ou les couples dans la trentaine ou la quarantaine désirant acquérir leur premier bien immobilier sont les plus touchés par cette nouvelle mesure. En effet, cette catégorie de demandeurs souscrivait généralement à un crédit immobilier d’un montant compris entre 180 et 200 000 euros sans apport pour une durée de remboursement étalée sur plus de 25 ans. Avec leur revenu compris entre 3.000 euros et 4 000 euros, ils excèdent donc à court, moyen ou long terme le taux d’endettement conseillé.

 

Les nouvelles règles déjà appliquées par de nombreuses banques

De nombreux dossiers de demandes de prêts déposés par les primo-accédants font déjà l’objet de rejet dans les banques. Ces dernières redoutent notamment une surcharge en capital de la part de la Banque de France. L’institution pourrait les obliger à augmenter leurs fonds propres si elles continuent à accorder des crédits à des profils à risque. Selon les experts, cette nouvelle tendance sur le marché de l’immobilier devrait engendrer une baisse de 10 % du nombre d’emprunteurs au cours de l’année 2020. Les ménages désirant acquérir leur premier bien immobilier devront désormais disposer d’un apport personnel d’au moins 10 % de la valeur du bien pour espérer obtenir un crédit afin de financer leur projet. Ceux qui envisagent des travaux de rénovation ou d’élargissement devront se tourner vers un crédit à la consommation, une formule malheureusement beaucoup plus risquée et plus onéreuse.

Précisons également que les ménages les plus touchés par cette nouvelle mesure seront ceux résidant dans les petites villes et dans les zones rurales. Ce sont les principaux demandeurs sur le marché de l’emprunt immobilier depuis 2006. Dans un communiqué officiel, la Banque de France rassure tout de même que « Le crédit immobilier continuera à croître en France ».